Témoignage : Retour sur ma finale de championnat de France en Développé couché

C’est avec une grande fierté que je ramène cette médaille de vice champion de France à Aimargues, ma salle d’entraînement. Je suis aller la chercher à plus de 900km de la, dans un gymnase surpeuplé de sportifs qualifiés pour cette compétition prestigieuse, les championnats de France de développé couché, organisée par la fédération française de force ce weekend du 1 et 2 juin 2019. Peu de retenu dans chaque catégorie, ce qui témoigne de la difficulté des qualifications, sans minimats, pas de championnat!

Des barres de plus en plus importantes, que j’ai pu personnellement atteindre en novembre et décembre 2018 à Port la nouvelle. 5 mois de préparation, une technique un peu mieux maîtrisée, des barres assurées et un régime draconien pour perdre les 5/6kg  sur un poids de forme déjà peu important. Seul, je décide de monter sur Paris puis Amiens pour me rapprocher du village organisateur de la compétition. Une journée de TGV de RER, de TER et de voiture, avec pas grand chose dans le ventre depuis le matin. Je me couche après un maigre repas, fatigué de ma journée. Dernière pesée 58kg. La nuit n’a pas été mauvaise.

Un déjeuner léger et on prend la route avec mon ami, nous sommes à une heure de route. C’est une chaleur écrasante qui nous accueille. Elle est là même pour tous les sportifs, pas d’excuse! On commence par la vérification du matériel, tout est ok. S’en suit les réglages de hauteur de barres pour la décrocher et les sécurités. L’attente pour la pesée est très longue, elle se fait par ordre de passage sur la compétition, sur tirage au sort, je suis en troisième tableau, au début de ce dernier. Mon tour vient. 57kg annonce la balance. C’est bien mais c’est peu, c’est 600gr de moins que les précédente compétition. Un premier axe à retravailler pour la suite, perdre autant est certainement néfaste pour une bonne performance, ça se vérifiera plus tard sous ma troisième barre. Pour l’instant place au repas! Une collation est la bienvenue, j’ai une heure devant moi pour recharger les batteries. Une réhydratation est primordiale. Les filles qui sont les premières à attaquer la compétition cette après midi sont appelées. Les hommes commencent à s’échauffer. Je suis dans le premier tableau des hommes. Je sympathise avec un athlète en -66kg et un en -74kg. La chaleur dans la salle est étouffante. J’en viens à douter de ma première barre. Lors de la pesée les arbitres demandent aux athlètes qu’elle charge ils désirent pour le premier essaie. J’avais à ce moment là demandé une barre à 110kg.

Barre à vide, 50kg, 70, puis deux passages à 90kg l’échauffement continue. Une pause de 10 min est annoncée à ce moment là, entre la fin du passage des femmes et le début du passage des hommes. Il faut donc temporiser l’échauffement. Je me rassure avec une barre à 100, sur une série d’une rep, et une série de 2 rep. Je décide de rester sur une barre à 110kg pour premier essai. C’est d’ailleurs à l’occasion de ces dernières barres d’échauffement que je fais la connaissance du deuxième athlète de cette catégorie. Il me voit évoluer seul alors que les autres athlètes sont entourés de coach. Il me propose son aide à sortir les dernières barres d’échauffement et me félicite pour avoir traversé la France seul. J’apprécie l’état d’esprit. Sa première barre à lui? 126kg, juste hallucinant, un athlète à part entière.

C’est l’heure, les femmes ont libérées le plateau, ma barre étant la plus légère du tableau je suis le premier à passer. En coulisse la tension commence à monter. Je me rappelle les fondamentaux que ma coach m’a enseignée. Je ne lui en veux absolument pas d’être absente ce jour là et je reste concentré sur mes objectifs. Le speaker m’annonce et je fais une apparition sur le devant de la scène. Bien plus impressionnant de ce côté là, que depuis les gradins où j’étais avec mon amis 1h00 plus tôt, à envoyer des messages à mes proches en leur disants : « la compète est retranscrits, vous pouvez me suivre sur ce lien!! » ils étaient sûrement devant leur écran, il ne faut pas les décevoir.

Je salut rapidement les arbitres et je m’allonge sur le banc. Je règle la largeur de mes mains, je pense à mes pieds, à mes fesses qui doivent toucher le banc, ainsi que mes omoplates. Le chrono est partie depuis quelques dizaines de secondes il est temps de décrocher la barre. Je me concentre sur la voix de l’arbitre et attends l’ordre de commencer. C’est bête mais anticiper l’ordre m’est déjà arrivé, ainsi qu’à un athlète mondial la semaine d’avant, on y pense. « START » il le dit au bout de quelques secondes qui m’ont parut une éternité. Je descends ma barre jusqu’au contact des pectoraux. J’essaie d’en garder la maîtrise, la bonne trajectoire et reste attentif à tout le reste. « PRESS » il faut tout donner! Les 110kg montent. Je verrouille bien les coudes pour ne pas me faire avoir sur une mauvaise technique. « RAC » la barre est posée. Pour moi elle est validée et elle est. La barre est aussitôt chargée pour l’athlète suivant que je croise dans le couloir des coulisses en libérant le plateau. En quelques secondes j’ai une décision à prendre. Quelle charge je désire mettre sur ma deuxième barre. Ce choix s’écrit sur un petit morceau de papier qui est remis à chaque athlète lors de la pesée. Il faut alors arracher le petit morceau de papier pour le donner aux arbitres des coulisses pour qu’ils l’inscrivent sur elle tableau visible de tous, dans la case du deuxième essai.

Compte tenu de mon ressenti je tente 115kg et donne le papier. Pendant ce temps, l’autre athlète de cette même catégorie, échoue à son premier essaie à 126kg. Je le vois depuis un écran qu’il y a en coulisse. Pour moi la barre était bonne mais apparemment pas. Il revient d’un pas déterminé et demande la vidéo. Je reconnais qu’à ce moment là, l’espoir de passer premier renaît. S’il ne se ressaisi pas, ne pouvant mettre moins, il ferait un match nul. Fort heureusement pour lui, sa deuxième barre sera la bonne et la troisième encore meilleure, il le méritait. Gagner sur ça n’aurait pas était d’une grande classe même si ça fait parti du jeu. Pour revenir à ma deuxième barre, je suis appelé pour ma barre à 115kg. À ce moment là il est question de se faire plaisir, 110 étant passé. Cette deuxième barre passe aussi. J’égalise ma performance du mois de décembre avec 600gr de moins et des conditions bien moins avantageuses, 900km de trajet sur la journée de la veille et une chaleur écrasante. Donc plutôt content! Elle monte, il y a très peu de marge. Entre temps mon adversaire passe sa barre, je suis content pour lui, et perd tout espoir de première place. Inutile de tenter une barre pour l’accrocher je reste dans ma compète et décide de mettre que 2,5kg de plus soit 117,5kg. Je passais 118kg dans la semaine.

C’est à nouveau à moi, la barre de 117,5kg dans les mains je la descends proprement et elle stoppe sur la remontée, sur l’amplitude critique Pec/triceps. L’arbitre donne alors l’ordre aux assistants de le venir en aide. Et c’est là certainement, que le régime à sa part de responsabilité. Si je n’étais pas descendu autant, j’aurai peut être validé cette barre. Ça n’aurait rien changé au cours de la compétition mais c’est un fait. Je laisse les derniers du tableau finir leur troisième barre et me retire des coulisses pour rejoindre mon ami qui m’accompagnait.

Il sous estime très certainement l’aide qu’il m’a apporté en m’accompagnant à cette compétition, en m’offrant un cadre rassurant de la veille au lendemain de la compétition. Seul dans une chambre d’hôtel à devoir gérer des trains en plus et une location de voiture m’aurait coûtait en énergie. Au retour j’ai du le remercier une bonne quinzaine de fois!

Je garde un très bon souvenir de ce week-end du 1 et 2 juin 2019. Épuisé par ses 2000 km en trois jours. Je vais me ressourcer auprès des miens et me reposer avant de reprendre l’entraînement pour faire encore mieux l’année prochaine!